Premier contact

Reposant son attention sur la crasseuse allure du nain, elle soupira un instant et se frottant les mains pour se réchauffer.

- Moi je suis pour y aller tout de suite... Plus vite ce sera réglé... Et mieux ce sera... J'ai pas envie de trainer ici pendant des heures...

Elle tatonna un instant ses poches, avant d'acquiescer d'un hochement de tête.

- J'ai tout ce qu'il me faut moi...

Après avoir longuement détaillé son "équipe", il secoua lentement la tête, l’air de se demander dans quoi il s’était fourré avec ces deux-là.

Il marmonna quelque chose, probablement en japonais et pris une profonde inspiration.

- J’suis d’accord de terminer tout ça au plus vite, mais faut quand même que j’vous prévienne d’un truc…

Attendant que sa phrase ait fait son petit effet, il poursuit:

- J’ai fais quelques recherches sur Street avant d’me ramener et voilà en résumé c’que j’ai trouvé: Cette chaîne est inactive depuis 3 ans, suite à une enquête de police. J’suis tombé sur un forum où un des membres présente c’te chaîne comme une "mouvance anti-corporatiste vouée à libérer l’homme de la rue de la mainmise corpo". D’après c’que j’ai vu, certains membres ont plastiqué des immeubles de corpo et hésitent pas à s’en prendre à la police directement…

Après un soupir, il ajoute:

- J’sais pas c’que vous en pensez, mais l’est pas franchement réglo le mec. Après, c’pas moi qu’ça dérange, mais bon.

Alors il veut récup" la gonze juste pour faire chier les corpos? Marrant... Ca m'rappelle le temps ou j'ai foutu le camp d'luniversité en m'disant qu'j'enculais les corpos.

Bailey tira une taffe. Manquait quand même une petite mousse pour faire passer tout ca. Il fut réveur un instant puis, repris:

J'vous propose un truc les enfants; on y va tout de suite, histoire de faire un tour dans le coin. Mais avant on passe "chez moi", je veux récupérer une bricole, en cas qu'on aurait a partir plus vite que prévu. Parceque si y nous a menti sur sa boite la, il pourrait aussi nous avoir réservé une surrprise. Même si cacher des trucs c'est quand même son job.

IL semble réfléchir deux minutes, lorgnant sur les épaves du square.

Attendez moi, je reviens dans quelques secondes, pendant que vous vou décidez.

Le nain puant se dirigea vers les junkies. Leur glissant quelques mots a l'oreille. Il parla avec une gamine, tout en scrutant sa silhouette dans les moindres détails; elle avait une quinzaine d'années.Il sortit des billets de sa poche. Les points de vue semblaient divergeants, et apres quelques coups de pieds dans les junkies a terre, la fille tendit la main, le nain lui glissant un peu plus que ce qu'il avait montré auparavant. Mais toujours des petites coupures. Il la suivit , faisant signe a ses collegues de l'attendre, en gros il en avait pas pour longtemps.
Il fut absent environ 5 minutes, puis reparu, seul. Un grand sourire aux levres.

C"bon vous avez décidé?

L'elfe posa sur le nain un regard incrédule, le détaillant un long instant. Certes il n'était parti que cinq minutes avec elle, mais bon... Une junkie, cet argent, l'absence... Cela laissait imaginer bien des scénarios. Elle essaya de prendre un air désintéressé avant de s'adresser à lui.

- Vous êtes allé faire quoi ?

Le nain regarda l'elfe droit dans les yeux, lui sourit d'un air purement ironique et lui dit:

Jalouse?

Il éclata de rire.
Il fouilla dans ses poches, sorti le paquet de clope et s'en alluma une, avant d'en proposer une aux autres. Il souffla la fumée sur le coté, puis rangea le paquet dans la poche de son gilet. Il ressorti par un trou. En jurant, le nain le carra dans une poche latérale de son baggy des surplus militaires.
Il sorti son L36; vérifia qu'une balle était bien enclenchée dans la culasse puis le reposa dans son holster, au creu de ses reins.
De sa manche il sorti un petit tube de plastique dans lequel s'entrechoquaient deux pillules.

Cram. Un fix. C'est au cas ou ca se barrerait encore plus en couille. Elle avait pas assez de formes.

- J'fume pas j'vous ai dit...

Elle repoussa la clope d'une main, les sourcils froncés. Elle semblait visiblement n'avoir pas gouté à la plaisanterie.

- Bon ben on va chez vous ?

Tournant la tête vers l'asiatique, attendant une réaction de sa part.

Il secoua la tête quand le nain lui proposa un clope et haussa un sourcil, l’air parfaitement incrédule et un brin excédé quand ce dernier expliqua ce qu’il y avait dans le tube. Il marmonna un "Kso!…" entre ses dents et soupira.

Il posa son regard sur l’elfe et répondit:

- Ouais, pas envie d’m’éterniser ici…

Le nain mena la petite troupe jusque vers son "chez lui". Traverser les Barrens quand il fait jour est déja en soit une gageure quand on n'est pas du coin, encore plus si on rentre indemne. Quand a la nuit, c'est une autre paire de manches. Et en plus quand y'a une elfe dans le groupe...les trois runner furent "arrêtés" quatre fois par des types, soit en bagnole soit a pied pour savoir si le nain et l'asiatique voulaient bien leur "louer la ptite chatte elfique contre quelques bifftons". Des poetes. Le nain leur fit comprendre qu'ils avaient déja payé assez cher pour se la taper pendant une partie de la nuit pour la sous louer, en plus il aimait pas les restes. Les gars n'insisterent pas, mais obtinrent quand même l'adresse de l'illusoire mac qui leur avait fourni une nenette de cette qualité.
Quelques junkies plus tard, tout le monde arriva sain et sauf (a part la fierté un peu froissée de l'elfe) dans le fameu trou du rat: une bouche d"égoux avec une représentation de "la naissance de venus" de Botticceli sur l'une des paroies de l'entrée. Toute la taniere malodorante était recouverte de fresques d'inspiration XVIeme (la préhistoire pour un nain de cro magnon quoi).
Le proprio laissa ses deux hotes en plan et parti farfouiller sous les coussins d'un canapé affalé. Il en sorti un lance grenade, le dernier modele avec configuration bull pup. Il attrapa également une ceinture de mini grenades.
De quoi finir un job en finesse.

Puis, devant les yeux incrédules de l'asiatique, il marmona quelques mots étranges, sa face faisant encore plus penser a un rongeur que d'habitude, et le matériel disparu. Il fit comme si il enfilait quelque chose en bandouiliere, et se déclara pret a partir, attrapant un petit sac duquel dépasait un peu de matériel médical.

A ouais au fait, c'quoi vos ptits noms?

L’idée même d’entrer dans un égout lui faisait monter des nausées, mais là c’était encore pire que ce qu’il avait imaginé. Comment pouvait-on vivre dans une odeur pareille…même ses restes de bouffe et son linge sale entassés chez lui ne puaient pas autant.

Il fit le tour de la pièce des yeux et suivit le manège du nain. Il sursauta presque lorsque ce dernier posa sa question. La gorge un peu sèche, il répondit:

- Fox.

Selly retenait avec peine les nausées de son malaise naissant. Déjà qu'elle avait plutôt peu apprécié qu'on la présente comme une prostituée, n'offrant déjà pas énormément de crédit au nain, mais la, c'était le summum. Au moins, l'odeur avait fait disparaître son envie de forcer leur hôte à se mettre des claques. Dans un hoquet, elle s'adressa à ses deux compagnons.

- Selly....

Bon,ben vla une jolie petite brochette. Appelez moi Bailey, ou l'rat, ou pas. J'men fout un peu en fait. C'est tres surfait les noms.

Le nain se ralluma une énieme clope. Son briquet semblait manquer de jus. Il s'approcha d'un bidon vaguement rouillé sur lequel la peinture d'un signe "danger biologique" s'effritait gentiment, et attrapa une louche métalique percée sur un coté. A l'aide de cet instrument pour le moins inapproprié il rempli son briquet de ce qui, l'espéraient les autres, était de l'essence. Reposant son attirail, il montra d'un ample geste le dépotoir qui lui servait de maison:

Faites pas attention au désordre. A ouais, encore un truc, avant de partir, faudrait savoir un peu qu'est ce que vous savez faire. Moi c'est plutot l'domaine magie et electronique que je touche. Vous savez faire quoi?

Lui qui pensait vivre dans un taudis, son appart ressemblait à un hôtel de luxe à côté de la "piaule" du nain. En plus, partager cet espace avec des produits hautement inflammable, c’était vraiment du suicide. De plus en plus mal à l’aise, il répondit rapidement, espérant quitter les lieux dans les plus brefs délais.

- J’adore aller chatouiller la Matrice et la faire cracher, si vous voyez c’que j’veux dire…C’est d’ailleurs grâce à elle qu’j’ai ai eu les infos que j’vous ai filées.

Selly semblait tout aussi décidée à s'en aller rapidement, laissant une main sous son nez pour retenir la nausée qui l'envahissait.

- J'suis mage moi... Et... Enfin, j'sais faire pas mal de choses... Comme vous faire voir des choses qui n'existe pas... Ou vous faire changer d'apparence... enfin... ce genre de choses quoi...

Il n’arrivait décidément pas à se faire à cette odeur infecte. Incapable de se concentrer correctement, les paroles de l’elfe n’avaient fait qu’effleurer ses oreilles. Il fallait à tout prix qu’il sorte de ce cloaque infernal.

Il ravala encore une nausée et parvint à articuler:

- C’est trop vous d’mander d’se casser d’ici, dites? Sinon j’crois bien que j’vais gerber mes boyaux…

T'es malade? Tu veux un truc a boire?

Il se pencha, ouvri un petit meuble bencal et attrapa une bouteille de bourbon aux trois quart vide. Du "vrai"; pas du soj'.

J'dois même avoir des verres...quelque part...Par contre vous m'excuserez mais j'vous propose pas de quoi grailler, j'ai rien et je sais pas encore ce que je mangerai ce soir.

Selly semblait tout aussi impatiente de s'en aller, sautillant sur place en se mettant parfois en apnée quelques secondes pour éviter certaines effluves trop infectes.

Il a raison... Si on y allait, on perd du temps la !

Elle fit d'ailleurs un pas vers la sortie, comme pour inviter les autres à la suivre.

La proposition du nain le dépita et termina de le désoler totalement. Il secoua la tête lentement.

- Euh…non merci, j’vais très bien. Enfin…pour le moment. J’veux juste sortir d’ici. Et Selly a raison, on est en train de perdre du temps.

Il sortit pour la première fois une des mains de ses poches et la passa sous son manteau, apparemment pour remettre quelque chose en place. Ceci terminé, il la remit dans sa poche et se dirigea vers la sortie d’un pas lent.

Voyant que l'asiatique était de la même idée, elle força le pas vers la sortie, plus que contente de s'en aller d'ici. Elle espérait d'ailleurs ne jamais avoir à y remettre les pieds. Arrivée à l'entrée, elle se retourna tout de même un instant, observant quelques secondes les lieux.

[J'aimerai passer un petit coup la pièces en vision astrale pour relever les possibles spécificités qui s'y trouvent, magiques donc (focus, sorts actifs, éveillés présents, etc...)]

[La zone est magiquement active: tu décelles immédiatement les contours d'une loge magique d'une puissance pouvant passer pour moyenne ou supérieure. Les composants dispersés en plusieurs points de la piece semblent former un pentacle, peut etre celte ou hebraïque. L'aura générale est plus que confuse; elle mélange la coloration vive et agréable d'un sanctuaire shamanique et la noirceur et le frisson d'un égout des plus sordide.]

Le nain rangea sa bouteille.

Bon, ben quand il faut y aller, faut y aller. Passez devant; pas que j'ai a fermer la porte, mais z'avez l'air pressés. C'est la premiere fois que vous venez voir une piaule dans un égout? Savez; on s'habitue a force...

En sortant, vous repérez des passages entier de textes écrits en latin et grec; du moins en ce qu'il vous semble etre du latin ou grec puisque la graphie des langues anciennes ne fait plus partie de l'enseignement standard du sixieme monde. Une autre peinture, une vierge a l'enfant, acheve de clore la décoration du couloir de sortie.

Le soulagement se lit sur le visage de Fox lorsque le nain prononce ces paroles.

- C’est pas tellement mon genre de me promener dans les égouts faut dire. Donc non, j’avais jamais visité avant…et j’crois bien que j’y r’tournerais plus, sauf en cas de force majeure, et encore…

Il parcourt le couloir en regardant d’un oeil distrait les inscriptions sur les murs et la peinture. "Encore un qui veut s’donner un genre" se dit-il.

- Bon, c’est quoi le plan?

Le plan? Quel plan? Tu vas pas me dire que tu vas vouloir un plan! Faut faire ca comme des hommes...sans de te vexer mamzel; dit le nain, a l'intention de Selly.
J'disais; on y va, sur site j'veux dire; on r'garde si y'a des indices sur la carcasse de la bagnole, ou c'qu'il en reste; pis on cause voir avec les gens d'la bas si y z'ont pas des tronches a balancer leur mere pour 5NY, et apres on avise.

Il tira sur sa clope; fermant la grille rouillée de l'égout, et vérifiant que personne ne regarde trop dans leur direction. Il vérifia aussi le nivau mares de flotte croupie a coté, pour ne pas risquer une inondation.

C'est beau l'impro quand même. C'est aussi ca qui m'a soulé a force avec les études. Besoin de sortir des emplois du temps et des cahiers des charges, comme y disent ces chiants de col-blancs.

Mouais... Visiblement c'est pas qu'les emplois du temps les fautifs... dit-elle en regardant le nain, avant de se reprendre, gênée d'avoir pensé à voix haute.

Fouillant dans ses poches comme pour s'assurer qu'elle n'avait rien oublié, l'air de rien, elle finit par lancer d'une voix peu sûre.

Euh... et si on y allait ?

C’était exactement la réponse qu’il craignait. Quelle idée il avait eue de répondre favorablement à ce foutu coup de fil…

Il se retint de rire lorsque Selly pensa à voix haute et remonta le col de son manteau.

- Ouais, évitons de traîner dans l’coin.

Il remit ses mains dans ses poches et suivit les deux autres, un peu en retrait.

Si, une fois partis, vous rejoignez rapidement le véhicule, une dizaine de personnes s'activent déjà autour de celui-ci, gangers, squatters et gosses des rues fouillant le véhicule sans vous prêter attention.

En tendant l'oreille, vous entendez comme un grondement sourd, allant en s'emplifiant, quelques temps après les silhouettes de trois hélydines se découpent à quelques rues de votre position. Leurs projos quadrillant le secteur.

Les habitants des bas fonds fuient alors en direction du couvert offert en direction de l'un des nombreux bâtiments délabrés qui font tout le charme du quartier, emportant avec eux ce qu'ils peuvent.

Bailey s'approcha du bahut, histoire de fouiner un peu dedans. Alors qu'il allait trouver des trucs interessants, il en était sur, ou au moins un paquet de clopes, ces foutus helydines se pointerent.
Jurant tout ce qu'il savait, il s'enfuit avec les autres types du coin, vers les ruines qui servent d'habitat commun.

Comptant sur son allure couleur locale, il s'approcha d'une personne, un peu au hasard, qui n'avait pas l'air d'un membre de gang, histoire de savoir ce qu'il s'était passé par ici, jouant l'ingénu, le tout en proposant une clope, comme on le ferait avec un vieux copain.